-Montagnes de feu ! -Naaaan, pauvre idiote, ce sont des volcans... [PV Shadow]

Une minuscule tâche orangée au loin. C’était ce qu’elle avait vu le matin même, au début d’un de ses voyages d’Eclaireuse. Le point brillant avait attiré son regard, et elle s’était immédiatement poser un tas de question. Qu’est-ce-que c’était ? D’où ça provenait exactement ? A quelle distance de là où elle se trouvait ? Qu’est-ce-qui s’y cachait ? Et encore plein d’autres questions qui la firent se décider. Elle allait se rendre vers cette tâche orange.

Cela faisait plusieurs heures qu’elle volait. Elle s’amusait à fendre les nuages de son corps bleu, et, quelquefois, à imiter le vol des canards quand elle en croisait. Volatiles insignifiant aux yeux de la plupart des dragons, elle les trouvait très intéressants. Elle aimait surtout le col vert brillant que certains mâles portaient à leur cou. Elle adorait imiter les battements rapides de leurs ailes, ça l’épuisait, et ça l’amusait aussi beaucoup. Ce qu’elle trouvait dommage, c’était que les canards prenaient peur en la voyant, et s’enfuyaient. Elle aurait bien aimé voler avec eux…

Souvent, elle jetait un regard attentif à la tâche orangée brillante. Celle-ci avait bien grossit depuis son départ, et il lui semblait apercevoir des formes plus ou moins grandes au loin, un peu comme des montagnes. Elle fit une pose pour la nuit, rêvant à tout ce qu’elle pourrait trouver là-bas. Des animaux qu’elle n’avait jamais vu, des dragons peut-être ! Les membres d’un clan qu’elle pourrait tenter d’observer.


En fin d’après-midi, le lendemain, elle arriva au pied de ce qu’elle avait pris pour une chaîne de montagnes. En réalité, il s’agissait d’énormes monticules de pierre, qui ressemblaient à des montagnes, certes, mais qui étaient couverts d’une substance orange-rouge, plus ou moins liquide ou solide selon le monticule où elle se trouvait. Ivanìa n’avait jamais rien vu de tel. Et elle resta pétrifiée sur place quand une des « montagnes », plutôt éloignée d’elle, explosa après que le sol ai tremblé. Un torrent de liquide enflammé jaillit de son sommet et se projeta en l'air dans plusieurs directions à la fois. Même de loin, le feu brûlant se refléta dans ses yeux saphir, qui s’illuminèrent.

Elle attendit un bon moment que tout se soit calmer avant de s’avancer, en marchant, vers la bonne cinquantaine de « montagne de feu » - c’est ainsi qu’elle décida de les appelées – qui semblaient bouillonner de l’intérieur. Le sol était couvert de braise. Il n’y avait ni animal, ni plante, ni quoi que ce soit. D’abord fascinée par les montagnes de feu, elle fut ensuite déçue de ne trouver âme qui vive.

Pendant qu’elle pénétrait dans le cœur des montagnes, elle revoyait les êtres vivants de ses rêves qu’elle avait imaginé rencontrer ici. Elle faillit ne pas sentir la secousse qui précéda un nouveau jaillissement de liquide enflammé. La montagne de feu qui explosa n’était pas très loin d’elle –l’endroit était tellement énorme que « pas très loin » signifiait « à quelques kilomètres au moins » –, et il ne lui vint pas à l’esprit de s’éloigner au plus vite, pauvre inconsciente qu’elle était ! Par chance, rien ne la toucha. Ah, si. Une minuscule goutte de liquide vint s’écraser sur une de ses griffes. Elle sentit comme un léger piquottement et secoua sa patte. Rien de plus. Se prendre un jet entier de liquide, par contre, cela aurait fait pire qu’un simple piquottement… Mais qui, dans cet endroit désolé, le lui aurait dit ? Personne.

Elle attendit de nouveau que tout se calme, observant l’énorme nuage de fumée qui s’échappait de la cheminée de la montagne qui avait explosé. Un éclair rouge fendit le ciel, et... Teuh teuh teuh ! Un éclair rouge ? La dragonne fixa le point rouge, qui se déplaçait un peu partout dans les airs.

Dragon !

Sûre d’elle, elle déploya ses ailes et suivis discrètement le dragon rouge. Celui-ci slaloma entre les montagnes de feu un bon bout de temps, avant d’entamer une descente pour se poser au sol. Elle faillit le suivre, mais se ravisa au dernier moment. Bingo ! Un groupe de dragon était juste en bas ! Elle se dirigea vers la montagne la plus proche et se posa entre deux gros rochers. Bien cachée, pensa-t-elle, elle observa discrètement les dragons. Il y en avait plusieurs, du couleurs variées. Elle remarqua un grand noir qui lui fit penser à son père. Toute excitée de pouvoir observer de nouveaux dragons devant ses yeux, elle ne fit pas attention à ce qui pouvait se passer derrière elle. Bon, d’accord, elle n’y avait jamais fait attention – l’idée de protéger ses arrières ne lui avait pas une seule fois effleuré l’esprit de toute sa vie. Oui donc, en bref, elle ne vit pas arriver deux dragons dans son dos, qui se jetèrent sur elle et la maîtrisèrent –frêle qu’elle était- avant qu’elle eut pu comprendre quoi que ce soit.

-Oups.

Ce fut tout ce qu’elle fut capable de dire, l’imbécile, quand elle se rendit enfin compte qu’elle venait de se faire repérée, et attrapée. Et, en fut-elle paniquée ? Naaah ! Mademoiselle était contente : elle venait de gagner une visite gratuite d’un camp draconique !

Il revendiquait ce territoire de chaleur et de flammes uniquement parce qu’il estimait que ces lieux avaient été créés pour lui. Après tout, il était capable de rester des semaines et des semaines assis au milieu des charbons ardents. Parce qu’il l’avait fait, lorsqu’il était dragonnet. Lorsque son père le punissait, pour mauvais comportement ou autre raison quelconque, il allait s’installer dans une flaque de lave et ne bougeait plus pendant des heures… jusqu’à ce que la sanction soit levée. Mais à présent, s’était lui qui châtiait. Il violentait les plus faibles en cachette, les autres il les emprisonnait. Le sang et la bataille l’avait rendu monstrueux, et ses sujets le payaient de leur innocence. Aujourd’hui, cette dragonne allait servir d’exemple. Quoique… qu’allait-il faire d’elle ? Une nouvelle prisonnière ? Elle semblait bien frêle, sans aucune expérience. Encore une chose inutile en plus dans ce vaste monde. Un simple coup de queue et il lui broyait les côtes.

Leur ronde s’était bien passée, jusqu’à ce que cette imbécile se fasse repérer alors qu’elle volait en leur direction. En vérité, Shadow et sa bande avaient détecté sa présence lorsqu’elle avait pénétré sur le territoire des volcans. Ils l’avaient menée en bateau, et voilà qu’elle était piégée, plaquée au sol, avec pour seule cri de surprise un « Oups » pas du tout convaincant. Sans doute que cette dragonne ne se rendait pas compte à qui elle avait affaire. Le meneur s’était rendu célèbre par son habileté au combat et les crimes de son père. Cependant, même s’il demeurait brutal, il n’en n’était pas au point de battre son père concernant la violence. A part dans des combats, il n’avait jamais tué, ni même pour accéder au pouvoir. Enfin, cette dragonne allait connaître son nom. Mais il voulait tout de même savoir à qui il allait parler.

« Alors alors… on s’est fait avoir, hein ? Pff, femelle. Tu ne sais pas qui je suis ? »

Il s’approcha d’elle est la renifla. Une étrange odeur régnait autour d’elle. Un fumet… minéral, humide, comme s’il était au bord d’une rivière. Il songea un instant qu’elle était peut-être un membre du Clan de l’Eau, avant de ce dire que c’était ridicule car malgré le nom de leur caste, les membres du Clan de l’Eau ne sentaient pas tous la rivière. Pourtant, cette dragonne-là, si. Lui, on lui disait qu’il sentait la braise. La braise et la rivière, charmantes odeurs contradictoire. Il ordonna à ses deux combattants de la relâcher mais de rester autour d’elle. Derrière lui, trois autres mâles étaient restés en retrait, prêt à s’élancer au moindre danger sur la nouvelle venue. Tandis qu’un silence gênant régnait, une explosion de lave se produisit juste à côté du groupe. Quelques gouttelettes, chaudes et luisantes, vinrent se poser sur ses ailes noires. Frémissant de plaisir en ressentant cette douce chaleur, il les fit couler par terre. Ses soldats, eux, se retenaient de ne pas bondir, car, eux, ils la sentaient, la petite brûlure. La honte, s’ils se mettaient à couiner à cause de minuscules étincelles devant leur chef et une jolie dragonne toute fine.

C’est alors que le sol se mit à trembler. Le Noir se douta que cette secousse violente n’était pas bénigne. Autour de lui, les dragons, bien qu’immobiles, s’agitaient de tout leur intérieur. Ils devinaient l’éruption imminente de trois volcans, dont le Rafale. Il s’agissait d’un des volcans le plus violent du territoire. Heureusement, la majorité des volcans d’ici était effusifs, et, d’après les derniers recensements, sept sur une soixantaine étaient explosifs, et ce cas était particulièrement dangereux. En effet, Shadow, connaissait la région et ses caprices par cœur. Une nouvelle gerbe d’étincelle s’abattit non loin d’eux. Les guerriers se crispèrent. Shadow prit les commandes.

« Tous sous le Rafale. »

Le Rafale possédait une cheminée qui s’était bouchée de l’intérieur avec le temps. Les dragons d’ici s’en servaient d’abris en cas d’éruption, car la lave ne venait jamais ici. Et là, le Rafale, bien qu’en éruption, était le volcan le plus près. Les dragons se dirigèrent vers un tunnel qui s’engouffrait dans le flanc de l’immense montagne noir, dont le sommet semblait se noyer dans la lave. Shadow chercha la Bleue du regard.

« Bienvenue chez moi. »

« Alors alors… on s’est fait avoir, hein ? Pff, femelle. Tu ne sais pas qui je suis ? »

Ben quoi, « femelle » ? Le dragon noir avait l’air de ne pas prendre les femelles pour des dragonnes aussi puissantes que les mâles. Pourtant, certaine rivalisaient très bien contre les brutes masculines. Et ce n’était pas parce que certaines femelles -comme elle- étaient empotées qu’elles l’étaient toutes. Mais bon… Ivanìa n’en savait rien, de tout ça. Le Noir lui avait demandé si elle savait qui il était. Elle était vraiment désolée mais… A part une petite ressemblance avec son père, la dragonne ne voyait vraiment pas qui il pouvait être. Elle l’analysa avec ses grands yeux saphir. Un imposant dragon noir, puissamment bâtit. Il n’avait pas l’air de craindre ses compagnons dragons. Et même plus, les autres semblaient le respecté. La Bleue pensa que celui qui se tenait devant elle était peut-être le chef. Super, un chef ! Mais quelle imbécile elle était de se réjouir ainsi…

Le Noir vint la sentir. Elle le laissa faire sans broncher, occupée à renifler l’air autour du dragon. Il y avait comme une odeur de braise, de feu. Puis il y eu une explosion soudaine, et une petit pluie de gouttelette orangée s’abattit sur eux. La Bleue sentit que les dragons frémir, pendant qu’elle observait les gouttes glisser sur son dos avec un léger crépitement, presque inaudible… Avant de disparaître dans un léger nuage de fumée. Elle se souvint de la gouttelette tombée sur sa griffe quelques instants avant. Elle ne comprit pas pourquoi elle n’avait rien sentit tout de suite, alors que la goutte d’avant l’avait piquée un peu. Son esprit ne fit pas le rapprochement avec son pouvoir, dont l’un des effets secondaires -mais durable- imbibait ses écailles d’eau, tandis que ses griffes -et ses crocs- restaient normales.

Après une violente secousse, les dragons se dirigèrent vers l’une des montagnes de feu. Ils avaient même l’intention de vouloir rentrer à l’intérieur. L’esprit d’Ivanìa s’éveilla, impatient de visiter l’une de ces énormes montagnes. C’est à peine si elle piétinait le sol en avançant. Elle regardait, émerveillée, le sommet de la montagne qui luisait d’un liquide enflammé. En temps normal, une prisonnière aurait sûrement était prise de panique en se faisant capturée, et en se faisant emmenée dans le camp des ennemis. Mais elle, non, elle était même contente de s’être fait capturée. Les autres dragons devaient vraiment la prendre pour une débile…

Ils pénétrèrent dans l’énorme montagne par un tunnel qui s’enfonçait sous sa masse volumineuse. La Bleue était toute excitée. Aussitôt à l’intérieur, elle leva la tête et observa tout autour d’elle. Le plafond semblait interminable, et elle n’arrivait pas à en voir le bout. En fait, les parois lui faisaient penser à une grotte. Il y faisait extrêmement chaud, mais l’eau de ses écailles diminuait la chaleur. Une odeur de brûler flottait dans l’air, elle était presque étouffante.

« Bienvenue chez moi. »

Elle ne lança qu’un bref regard au dragon noir, trop intéressée par la découverte de ce nouvel endroit. Non, elle ne le snobait pas. Enfin, peut-être un peu, mais involontairement. Elle était occupée à observer la montagne. Le sol et les murs étaient recouverts de gros blocs de pierre gris, différents de ceux qu’elle connaissait. Elle posa une griffe sur le sol et le gratta. Une légère couche de poussière, un peu solidifiée, laissa une trace en s’enlevant. C’était comme enlever de la saleté sur les murs de la grotte de son père. Elle se dit que l’endroit avait besoin d’un bon coup de nettoyage. Penser à la propreté alors qu’on venait de se faire faire prisonnière, pfff… Elle réalisa quand même que la poussière n’était pas habituelle. De plus, en approchant son nez du sol, elle remarqua que ça sentait fort, un peu roussit. Elle n’arriva pas à mettre un nom sur cette odeur. Elle releva la tête vers le plafond de la montagne de feu, se demandant si c’était vraiment son vrai nom. Elle avait beaucoup de questions concernant le nouveau territoire qu’elle venait de découvrir.

Sans prévenir, elle se retourna d’un bond vers le dragon noir. Ses deux gardes semblèrent un peu surpris, avant de se saisir d’elle. Elle leur lança un regard interrogateur. Elle n’avait rien fait, pourquoi la tenaient-ils ? Elle n’allait pas se jeter sur leur « peut-être chef » noir. Bon, pas grave. Elle ne tenta pas de se débattre et garda une attitude complètement détendue. Puis elle lança, enjouée, au Noir :

-Comment s’appelle ce territoire ? Et les montagnes de feu, elles ont un nom ? Pourquoi sont-elles aussi grandes ? C’est quoi ce qui sort de leur sommet, le liquide de feu orangé qui brille? Ça s’appelle comment la poussière qu’il y a par terre ? Et les blocs de pierre bizarres, c’est quoi ? Ah, et, c’est vous le chef ? De quel clan ? Tous les dragons vivent ici ? Et pourquoi vous sentez la braise ?

Elle déballa toutes ses questions devant des dragons qui semblaient surpris. Pourquoi ? C’était mal de parler au Noir ? Ou de poser trop de question ? Ou de ne pas savoir qui ils étaient ? Aller hop, encore des questions. Elle fixa le Noir, en attendant des réponses. Elle en aurait, ou elle n’en aurait pas. Si elle en avait, elle serait contente, sinon, tant pis. Mais elle serait quand même déçue. Elle observa les yeux du dragon. Leur couleur était comme celle du feu, ils étaient étranges. Elle décida qu’elle adorait ces yeux. Les autres y voyaient peut-être une menace, elle y voyait une vie ardente et brûlante d’évènements. Dans sa petite tête, elle comparait ses propres yeux à ceux du Noir. Les siens étaient comme deux gros saphirs dans lesquels s’entrechoquaient des vagues gigantesques. Mais elle ne le savait pas, car elle ne les avait pas vraiment vus de… De ses propres yeux si l’on peut dire. Oui, c’est dur de regarder ses yeux. Elle savait juste qu’ils étaient « bleus », comme on lui avait dit une fois.

Une gerbe de lave qui passait devant l'entrée du tunnel en illumina quelques secondes les parois, révélant une multitude de pierres transparentes et brillantes comme le clair de lune dans la nuit noire. Shadow pu contempler pendant un instant leur beauté rare, avant qu'ils commencent à entamer un virage qui les plongea dans une obscurité troublante. Ses ailes frôlaient presque chaque côté de la galerie, et il se guidait au toucher. Ce trajet dura à peine quelques minutes, avant que le tunnel commence à s'élargir. Derrière, la dragonne observait les lieux. Il l'aurait bien fait disparaître dans le cratère du Rafale, elle et sa drôle d'odeur humide. De plus, elle ne cessait de babiller. Etait-elle consciente de sa situation pour le moins délicate ? Elle commençait déjà à l'agacer. En moins d'une heure, si elle continuait à parler, il deviendrait sourd.

- ... Et les blocs de pierre bizarres, c’est quoi ? Ah, et, c’est vous le chef ? De quel clan ? Tous les dragons vivent ici ? Et pourquoi vous sentez la braise ?

Il roula des yeux, et s'il avait eut des oreilles comme celles des loups, il les aurait mises en arrière pour montrer son exaspération. Cette capture ne valait pas mieux qu'une pie. Et il ne savait même pas quoi en faire. Il n'allait pas la tuer, et elle semblait aussi utile qu'une pierre. Alors qu'il continuait son chemin, lui devant, deux gardes derrière lui, la dragonne et ses trois derniers soldats à la queue, ils débouchèrent sur une immense caverne remplie de cristaux scintillants, qui se reflétaient dans l'eau cristalline d'une source. Ce lieu était un des rares à accueillir deux éléments paradoxaux : l'eau et le feu. Dire qu'il était un peu comme le feu... plein de lumière, de puissance, de chaleur... tandis qu'il s'abonnait à de doux rêves et levait la tête comme si on lui grattait la gorge, gros narcissique, il répondit à ce qu'il avait écouté :

« Tais-toi, tu parles trop, tout ça n'a aucune importance. Profite de la magie de ces lieux, et dis-toi que tu n'y retourna jamais pour observer à nouveau cette caverne, et encore moins voler les précieux cristaux qu'elle abrite... »

Comme tous les mâles, il était obnubilé par les pierres précieuses. Mais Shadow avait des goûts de luxe. Cette caverne était belle, certes, mais les simples cristaux qu'elle contenait ne conviendrait pas au trésor du mâle noir. Ce dernier n'avait que pour précieux biens un superbe exemplaire de météorite et deux diamants. Et attention, il avait l'oeil d'un professionnel, et était le premier flairer l'arnaque. Mais bon, c'était SA grotte. Il se secoua et ordonna à deux guerriers de garder l'entrée - la seule - de la caverne. Si la dragonne tentait de s'échapper, elle serait prise au piège. Mais bon, il ne savait pas quoi faire d'elle... il s'approcha donc au bord de l'eau et ferma les yeux. Elle pourrait l'attaquer dans son sommeil si elle voulait, la formation de son père l'avait habitué à tout.

Les pensées du mâle étaient embrouillées. Il avait l'impression que les choses changeaient, sur tout le Continent. Il tenta de se défaire de ses songes ennuyeux, mais il ressentait au plus profond de lui un sentiment de désespoir, et de stress. Raaah, mais que m'arrive-t-il ? pesta-t-il intérieurement. Se sentir comme ça lui donnait l'impression d'être malade. Pourtant, tout allait très bien quelques minutes avant, mois voilà, à présent quelque chose clochait. Il se sentit comme engourdi, et sa tête bascula toute seule en avant : il s'accordait lui même quelques instants de répit, de plus il n'arrivait pas à déterminer le temps que durerait l'érupion volcanique. Pour l'instant, le Rafale semblait en colère. Comme pour répondre à sa confirmation muette, la terre fut secouée et quelques gravillons tombèrent du plafond de la grotte. Aucun soucis, songea-t-il, le Rafale est solide.

Shadow baissa les yeux sur la surface luisante de la source. Jusqu'à présent, tout allait bien, mais au bout d'un moment, il remarqua un phénomène curieux : l'eau de la source semblait se déplacer à sa guise. Il avait l'impression qu'une flaque l'observait. Stupéfait, il en approcha sa tête et sentit son coeur palpiter. Les reflets de cette eau prirent une teinte multicolore, et commencèrent à lui révéler des images censées. Et ses gardes, le voyaient-ils, eux aussi ? Le Rafale grondait de tout son être. Derrière lui, les guerriers semblaient s'agiter, mais le mâle compris que ce spectacle n'existait que pour lui. Il voyait des images dans la flaque mouvante !

A travers cette surface, il distingua une forme familière. Un dragon noir se tenait posé sur ses deux pattes postérieures. Et il ne s'agissait pas de n'importe quel dragon : c'était son père ! Le monstre se tenait penché devent une forme sombre et inanimée, mais dont les yeux luisaient encore. Des ce regard, Shadow ne vit que du courage, de la justice, et de l'intelligence. Il compara ces yeux-là à ceux de son père : fous, assoiffé de pouvoir. Il sut que cette forme, une dragonne en train de mourir, était sa mère. L'instant d'après, il la vit pousser un dernier soupir. Pétrifié, Shadow tenta désespérément de la rattraper et plongea sa patte dans la flaque.

Un puissant éclair bleu traversa l'air et une colonne de vapeur d'eau s'élevade sous sa patte. Il poussa un cri de surprise trempa sans faire attention sa queue dans l'eau mouvante. Les gardes semblaient prêts à attaquer la flaque d'eau. Alors que ceux-ci fonçaient dessus comme des bêtes sauvages -ce qu'ils étaient en quelque sorte- il leur barra le chemin d'un mouvement d'aile. Il s'approcha de l'eau. La renifla. Non... ce n'est quand même pas toi... ? Il avait reconnu l'odeur.

[toujours court, mais avec un peu d'action ^^ et désolée pour les fautes]

Un museau noir s’approcha de l’eau, et d’elle par la même occasion. Il lui sembla que le dragon Noir la reniflait. Peut-être avait-il compris que c’était elle, dans cette flaque mouvante ? Elle ondula un moment, de droite à gauche, créant de petites vaguelettes. Une piètre façon de montrer sa présence. Mais bon, pour l’instant, elle n’avait pas vraiment d’autres idées. Sa vision se limitait au museau du Noir. Super mais… Ça peut devenir lassant plutôt vite, même pour elle. Elle avait bien envie de voir ce qui se passait dans le reste de la grotte aux cristaux. Gardant toujours un contact avec la source -encore trop attractive pour qu’elle puisse s’en détacher- elle se dressa sous sa forme d’eau. Depuis la rive, on pouvait voir une espèce de tour faite d’eau qui partait de la source et s’élevait vers le plafond. Parfait, de là, elle pouvait voir. Les dragons dans la pièce, le Noir, mais surtout leurs regards ébahis. Les dragons, entassés, la regardaient avec de grands yeux. Faisait-elle aussi peur que ça, elle, la frêle chose bleue ? Le Noir, lui, au bord de l’eau, semblait la fixer. En effet, elle s’était arrêtée à sa hauteur. Elle aurait bien aimé lui dire quelque chose -pourquoi il brûlait de l’intérieur, entre autre- mais l’inconvénient avec son pouvoir, c’était qu’elle ne pouvait pas parler… Enfin, si, juste par pensée, mais elle ne le savait pas puisqu’elle n’avait jamais essayé -ça ne lui était jamais venu à l’esprit, et de toute façon, elle n’avait personne avec qui parler de cette manière. En clair, on pourrait dire qu’elle ne connaissait pas du tout son pouvoir. Et pour cause, elle n’arrivait même pas à le contrôler, et elle en ignorer certaines capacités. En même temps, personne ne lui avait jamais enseigné comment se servir de son pouvoir étrange. Et d’ailleurs, en y réfléchissant bien, personne ne l’avait, ou bien ceux qui l’avaient posséder étaient morts.

Elle sentit la grotte toute entière trembler, et elle vibra. Elle se ramassa sur elle-même et retourna dans la source en lançant quelques éclaboussures autour d’elle. Une goutte d’eau toucha le Noir, et elle disparut, comme absorbée. La Bleue avait vraiment envie de poser sa question au dragon. Un effort de volonté l’aida à se détachée de la force attractive de la source. Elle se dirigea hors de l’eau, réussit à se séparer de la source. Mais même en se concentrant, elle n'arrivait pas à retourner dans son corps de dragonne. Elle en profita donc pour jouer un petit tour aux dragons bêtas. Elle s'éleva dans les airs, comme un fantôme, et fila vers les créatures à écailles. Certains reculèrent, mais pas assez rapidement. Elle slaloma entre eux, sans qu'une seule goutte d'eau ne les atteigne. Elle ne sut pas si ils étaient plus effrayés que stupéfaits, ou l'inverse. Elle passait sous le têtes, entre les pattes, s'enroulait autour des queues, et cela l'amusait. Puis elle se dirigea vers le Noir, et elle se mit à créer une spirale d'eau autour de lui, allant de sa queue jusqu'à sa tête. Elle fit encore plus attention que pour les autres dragons à ne pas laisser une seule goutte d'eau tomber sur lui.

Quand elle eut fini son petit tour, elle se plaça un peu au-dessus du sol, à côté du Noir. Soudain, sans qu'elle sache pourquoi, elle sentit son corps se solidifier, reformer ses écailles bleues et sa taille de jeune dragonne. Elle se retrouva allongée sur le sol, le bout de la queue trempée dans l’eau. Elle leva sa fine tête vers les dragons qui la regardaient toujours avec des yeux d’ahuris. Puis elle fixa le Noir de ses yeux saphir. Elle avait bien l’intention de l’avoir, sa réponse. Elle lança au dragon, avec un air de mécontentement pas du tout persuasif -elle ne l’utilisait jamais, cet air-là :

« Bon, j’ai le droit de savoir maintenant pourquoi vous sentez la braise et vous brûlez ? »

Elle fit balancer sa queue dans la source, en attendant une réponse. Et en repensant à ce qui venait de ce passer. Décidément, elle ne comprendrait jamais comment marchait son fichu pouvoir.



[valà. J'ai sûrement fait beaucoup de fautes u_u Et désolée, j'ai pas vraiment trouver d'action...]

Shadow recula, mais pas à cause de la prise de parole d’Ivanìa, qui avait repris sa forme d’origine. Il tremblait de tous ses membres. Sa vision venait de le déchirer. Sa mère... sa mère, sa mère, sa mère. Maman. Il n'avait jamais eu droit à la protection farouche maternelle, et l'idée qu'il ait eu une maman le bouleversait. Et si en plus elle avait été tuée par son père... ce fut un déclic. En quelques secondes, le monde changea tout entier. Il pensait différemment de tout ce temps à commander et à hurler des ordres. Il se sentit tituber sur place et se rattrapa à la paroi. C'est alors qu'un immense bloc de pierre se détacha du plafond et s'abattit lourdement sur le sol. Et les gardes, pris de panique, se précipitèrent vers la sortie. Cela ne fit ni chaud ni froid à Shadow. Comme si cela ne suffisait pas, il était le témoin d'une transformation singulière, mais familière. Ivanìa était devenue de l’Eau. Il venait de comprendre d’où venait cette odeur humide. Elle et lui formait un complexe hors du commun. La vapeur d’eau qui se dégageait lors d’un contact pouvait en témoigner. Plus il s’approchait d’elle, plus il semblait régner un champ électrique important autour d’eux.

Tout à coup, un deuxième rocher s’écrasa bruyamment… devant l’entrée de la grotte. Shadow se précipita vers la sortie, mais c’était trop tard. Il poussa le rocher de toutes ses forces, en vain. C’est incroyable… moi qui croyait que ces pierres étaient invincibles… Alors qu’il lui semblait que tout espoir était perdu, il regarda autour de lui et remarqua que la dragonne était toujours là. Le passage n’était pas totalement bloqué. Il y avait un minuscule passage. Quelle chance j’ai… non, quelle chance nous avons, tous les deux.

« Aller, toi, viens par-là. Je passe le premier, toi après. Tu comprendra pourquoi. »

Elle pouvait peut-être éteindre une petite flamme, mais si elle traversait les lieux, au milieu de la lave et du feu, elle risquait de devenir vapeur d’eau, et même reprendre sa forme de dragonne serait dangereux. Lorsqu’elle passerait sous sa forme d’eau, il prendrait feu, mais formerait une couverture de flamme autour de la flaque. Si jamais des étincelles tombaient sur eux, il les absorberait.

Il inspira profondément et sentit au fond de lui son pouvoir se réveiller. En un grand « vrouf », il devint le Feu. Sans attendre, il passa dans le trou et se retrouva de l’eau côté en un éclair.

[le feuuu… oui le FEUUUUU]

Quand elle vit le Noir se transformer en Feu devant elle, sans trop savoir pourquoi, elle fut... Contente. Elle n’était plus la seule à pouvoir se métamorphosée en un élément ! Pour la première fois de sa vie, elle sentit sa solitude diminuée. Elle avait toujours été seule, du niveau sociale, jusqu’à celui du pouvoir. Sa mère était morte lors d’une guerre, à ce que lui avait dit son père. Celui-ci l’avait d’ailleurs élevée... Si on pouvait appeler ça comme ça. Elle avait passé toute sa vie seule, loin des autres dragons qui la trouvaient trop étrange, loin de ce qui restait de sa famille qui ne se préoccupait pas d’elle ; même son pouvoir n’avait pas de semblable. Jusqu’à maintenant. L’éclair de feu qui se propulsa hors de la grotte par la petite ouverture la remplit de bonheur et effaça son impression de solitude totale. Sa joie l’aida beaucoup à se retransformée en Eau. C’était le seul moyen de sortir de la pièce aux cristaux, et elle pensa bien qu’elle devait imiter le Noir. Comme il le lui avait demandé, elle le suivit à l’extérieur.

La première chose qu’elle vit fut le rouge. Du rouge, du rouge partout. Du rouge clair, du plus foncé, mêler à de l’orange, et aussi énormément de feu. L’enfer enflammé. La dragonne ne comprit pas ce qu’il se passa quand un jet de liquide brûlant descendit vers elle... Et qu’un cocon de feu vint se former autour d’elle. Le liquide enflammé ne l’atteignit pas. Elle mit un peu de temps à reconnaître le Noir sous sa forme de Feu, qui la protégeait des jets brûlants des montagnes de feu déchaînées. Elle sentit son Eau lutter contre la chaleur du feu qui l’entourait, essayant de garder une température à peu près basse. Elle tenta d’observer ce qui se passait autour d’elle, mais elle eut du mal à voir à travers le mur de feu du dragon noir. Elle ne voyait que des formes sombres. Elle essaya d’apercevoir les dragons qui s’étaient échappés de la grotte avant que le rocher ne bouche la sortie. Elle vit quelques formes draconiques tenter de se sauver par la voie des airs. A part ça, elle n’y voyait pas grand-chose.

Le rideau de Feu se déplaçait. Elle suivait ses mouvements, sans trop savoir où il l’emmenait -peut-être loin des explosions de liquides brûlants et autre matériaux bizarre- en faisant attention à ne pas toucher les parois de son cocon. Elle sentait déjà la chaleur intense du Feu l’étouffée, alors pas question de se mettre en contact avec lui au risque de partir en fumée, comme toute à l’heure. Elle percuta enfin. Voilà pourquoi il sentait la braise et qu’il brûlait ! Parce qu’à l’intérieur, il était de feu. Comme elle était d’eau. Même si le Noir ne lui avait pas dit avec des mots, il avait répondu à sa question. Heureuse d’avoir enfin compris quelque chose, elle se laissa guidée par le Noir. Il lui sembla que le bruit des explosions diminuait progressivement.

Au bout d’un certain temps, la colère des montagnes de feu lui semblait loin. Elle n’avait plus aussi chaud qu’avant, mais le feu qui l’entourait était à la limite de la faire bouillir. Elle sentait que son Eau résistait -avec difficulté, soit. Quand le Noir se retira et reprit sa forme d’origine, elle sentit son pouvoir disparaître, sûrement épuisé par sa résistance à la chaleur. Elle s’écrasa presque au sol avec son corps de dragonne. Elle voyait ses membres frêles trembler, et elle avait l’impression que ses écailles fondaient. Un coup d’œil lui fit comprendre que ce n’était pas le cas. L’Eau qui était en elle avait seulement prit un bon coup de chaud.

Elle jeta un regard sur l’endroit où elle se trouvait. Le Noir l’avait menée jusque la première montagne de feu qu’elle avait vue, en arrivant sur le territoire. Puis elle posa son regard sur le dragon, en face d’elle. Elle qui était affalée au sol, le Noir lui paraissait encore plus grand qu’il ne l’était. Il lui faisait penser à son père, à la différence près que ce dernier ne l’aurait peut-être pas aidée à sortir de l’enfer enflammé… Elle se sentait redevable envers le dragon, et même si elle était prisonnière, l’idée ne lui effleura même pas l’esprit de s’échapper. En plus, il n’y avait aucun autre dragon, elle pourrait peut-être y arriver. Mais non, l’idiote qu’elle était resta plantée là. Elle aimait bien son statut de prisonnière, car elle était en compagnie de dragons, ce qui n’était pas le cas quand elle n’était que simple dragonne bleue insignifiante. Elle plongea son regard dans les yeux de braise du Noir. C’était officiel, elle adorait ces yeux.

-S’il vous plaît, dites-moi comment s’appellent ces montagnes de feu.

Elle voulait vraiment savoir. Connaître le véritable nom de ces géantes enflammées. Bon, pas dit que le Noir répondrait à sa question. Elle l’implorait presque avec son regard de petite dragonne sans défense. Elle faisait vraiment pitié. Même si, c’était vrai qu’elle était une petite dragonne sans défense. En fait, elle faisait toujours pitié. Elle n’en avait même pas conscience. Son père, grand et puissant dragon noir, la méprisait à un tel point. C’était compréhensible. Elle était idiote, débile, une incapable qui ne prend même pas conscience du danger et qui pose des questions à tout bout de champ parce qu’elle est trop bête pour réfléchir. Voilà une courte définition de ce que son père pensait d’elle. C’était peut-être ce que tout le monde pensait, puisqu’elle était toujours seule. Ah, non, il y avait certains moments où elle n’était pas seule. C’était quand les autres dragonnes du clan venait lui lancer des piques, ou qu’elles la narguaient en lui présentant leurs compagnons -qui étaient étrangement, disaient-elles, tous grands, beaux et forts. Ce qu’elles n’avaient pas compris, c’était que la Bleue n’en avait strictement rien à faire de leurs compagnons -à quoi ça servait ? En plus, elle était la seule, mais elle ne les trouvait pas si beaux que ça- et elle ne comprenait rien aux choses que les dragonnes lui disaient et qui étaient censé lui faire mal, donc elle les ignorait. D’ailleurs, les dragonnes ne connaissaient même pas son vrai nom. Elles l’appelaient « le monstre bleu », « la brindille anormale », et autres surnoms de ce genre. Mais Ivanìa ne comprenait vraiment pas. Elle attendait une réponse du Noir… Non, pas du Noir. Il devait bien avoir un prénom, non ?

-Et vous, comment vous vous appelez ?

[valà. Ma couleur c'est DarkSlateBlue *je change tout le temps, j'arrive pas à en trouver une bien bien bien. Si ça continue je vais finir par garder le noir x)* ]

Ces abrutis de dragons d'escorte avaient fuis. Par tous les diables, et cette jeune dragonne, elle ne s'arrêtait donc jamais ? Il leva les yeux au ciel. Il l'avait guidée là d'où le vent venait, et même si le panache de cendres qui s'élevait du Rafale était interminable, ils étaient en sûreté. Ici au moins, ils ne risquaient pas d'être intoxiqués. Il prit le temps de reprendre son souffle. Comme d'habitude, son pouvoir mettait du temps à disparaître : son imposant corps noir était zébré de rouge et de jaune. Ce n'était pas pour rien qu'on l'appelait le dragon de feu. Et il venait de rencontrer la dragonne d'eau. Il se demanda s'il existait un dragon de terre et un dragon de vent. Les quatre éléments... il sentit sa colonne vertébrale frémir. Et une sensation étrange l'envahit.

« Ah, les volcans... nous venons d'échapper à l'éruption du Rafale. Il s'appelle comme ça parce que... bof, on s'en fiche. »

Il se tut. Le Rafale s'appelait ainsi parce que ses éruptions étaient puissantes et dangereuses. Puis il adopta une posture plus impériale. Pour frimer.

« Et mon nom est Shadow, et je suis le chef du Clan du Feu ! »

Puis il repensa à sa vision. La nostalgie s'empara de son coeur. Mon nom est Shadow... et je vais changer le Clan du Feu. Une vague de culpabilité le submergea. Pour commencer, il faudrait que j'arrête de me vanter. Que je me comporte en chef.

« Et le tiens ? »