Le temps qui coule sous les ponts

Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait été guérie. Cependant, même si ses chaires avaient étés réparées, ses os ressoudées, même si ses veines avaient étés reconstituées, redevenant un circuit fin et sophistiqué, même si ses poumons s'emplissaient d'air et non pas de sang, une blessure restait, la, purulente, mais invisible. Trois ans qu'elle avait disparut de la surface du monde en laissant le siège du chef des terrestres vide. Trois ans ou, essayant de ne pas sombrer dans la folie elle avait rêvée, pensé tant et si bien qu'elle avait construit un idéal, et un plan pour le réaliser.
L'arbre-monde... Une idée qui demandait bien des sacrifices, mais qui marcherait obligatoirement. Elle avait réussi cette épreuve et avait survécu à se renaissance dans la douleur et le chaos. Et la voila enfin, arpentant à nouveau ce monde hostile et inhospitalier. Ses yeux se posèrent sur l'herbe sèche à ses pieds. La chaleur brute des steppes ne la gênait pas, au contraire. Elle se sentait vivante et pleine, rien qu'en étant capable de ressentir toute cette vie autour d'elle. Elle avait quitté son cocon de pierre pareil au moment ou elle y était entré. Et pourtant, même si ses muscles étaient pareil, sa constitution inchangée, elle se sentait nourrisson dans un corps d'adulte. Faible et forte à la fois, tremblante lorsqu'elle devait marcher, mais capable de piquer un sprint aérien.

Il lui fallait réapprivoiser ce corps, et même sa langue. Elle n'avait pas parlé durant trois ans et avait prit l'habitude de penser seulement, et ce pour elle même. Il lui fallait reprendre l'habitude de bouger, de guetter, de parler même. Elle était hésitante dans sa marche, comme si ce geste qu'elle effectuait sans y penser auparavant devenait soudainement difficile, impensable, immense.
Et pourtant, il lui fallait vite reprendre des forces. Elle n'avait pas le temps de se reposer. Elle avait retrouvé ce qui restait de son clan, dans une certaine anarchie qu'elle n'aurait jamais tolérée. Elle avait décidé d'attendre avant de faire savoir ses plans, prenant juste le temps de ressouder son clan, apprendre le nom des nouveaux, réorganiser afin de faire resplendir les terrestres. Yggdrasil patienterait, avant de leur faire connaître leur grande destinées, plus crédible dans ses actes que les célestes.
Elle resta assise, observant les alentours avec sérénité. Dragora lui avait sauvée la vie, en la soignant de l'insoignable. Elle ne savait plus trop que penser de la Chef du clan du ciel. Avait-elle changé durant ces trois années ? Ou alors était-elle la même rêveuse impuissante ?
Elle devait la présence de Dragora à Rüstung, qui l'avait enfermée pour la sauver, durant trois années ou il avait cherché, ce qui était énorme pour lui que l'on surnommait l'immobile. Il n'avait pas changé, sans doute juste un peu plus soucieux.
L'information qu'il avait eu, elle le devait à un Certain Azphel. On lui avait fait savoir qu'il était de son clan autrefois, avant de faire partit des célestes. Elle n'aimait pas les traitres, mais ce nom ne lui disait rien, elle qui connaissait le nom des anciens de son clan. Aussi, sans doute devait-elle faire abstraction de cette dernière information, et se contenter de le remercier.

Son regard sans pupille fixait l'horizon. Elle avait l'impression, par moment, d'être aussi stoïque et calme que Rüstung. Cela lui allait, car cela était bon pour son projet. Il lui faillait être calme et stoïque.

[Hj : Pv Azphel !]

Après le départ de Rünstung qu'il avait rencontré dans les Vallées verdoyantes, Azphel était retourné auprès des siens. Il y avait appris la nouvelle qui se répandait à toute vitesse dans tous les clans. La cheffe du Clan de la Terre, Yggdrasil, était enfin revenue. Dragora l'avait sauvée alors qu'elle était mortellement blessée au cours d'un combat. Rünstung avait réussi à retrouver la guérisseuse.
Un vent de renouveau soufflait sur le continent et semblait prometteur de grands changements.

Pour le meilleur... et pour le pire.

Azphel ne savait pas trop quoi penser de sa rencontre récente et de la renaissance du Clan de la Terre. Il avait seulement la quasi-certitude qu'on en entendrait beaucoup parler.
Il était partagé entre une certaine joie de voir que son clan d'origine se portait bien, mais d'un autre côté, il aurait également préféré se passer de ces événements. Ils lui rappelaient de vieux sentiments, un mélange de tristesse mais aussi de culpabilité. Il n'était pas sûr d'avoir compris la raison pour laquelle on l'avait confié aux célestes. Pour qu'il ne connaisse pas la guerre ? Construise avec d'autres un monde meilleur ? Survivre ? Malgré tout, il ne voulait pas quitter le Clan du Ciel auquel il devait beaucoup de choses.

Quelques jours plus tard, il s'éclipsa à nouveau de son clan. Il n'avait pas d'idée précise en tête d'où il voulait aller, juste... vagabonder sur tous les territoires... Inconsciemment, il se retrouva à la frontière des steppes arides. "Inconsciemment"... Cela faisait un bon moment déjà qu'il rôdait autour de l'endroit. Comme si une force le ramenait toujours ici mais qu'une ligne l'empêchait de traverser. Le chasseur redoutait la question qui allait venir. Franchir ?

Il s'élança. À toute vitesse, il émergeât dans les steppes, comme un animal remontant à la surface de l'eau. Il courait aussi vite qu'il le pouvait, déchargeant ses angoisses dans la course.
Au final, le Baobab était toujours debout. Et à perte de vue, s'étendait la terre sèche. Azphel martelait le sol d'un bruit sourd et faisait s'élever la poussière tout autour de lui. Par moments, il apercevait des herbes sèches qui arrivaient à survivre et à pousser.

Quelque chose entra dans son champ de détection et il s'arrêta brusquement. Une silhouette grise se profilait au loin. A première vue, cela aurait pu être un rocher mais Azphel savait que c'était vivant. Il se rapprocha prudemment de la créature jusqu'à pouvoir y décerner un dragon.

Le chasseur ne savait pas pourquoi, mais si sa rencontre avec Rüstung s'était bien passée, il eut la désagréable sensation que celle-ci serait beaucoup plus difficile.

Yggdrasil était très calme. Elle avait repéré l'intrus lorsqu'il s'était approché d'elle, et n'avait perçu aucune menace. Cependant, son regard sans pupille était posé sur lui, sans que rien d'autre ne trahisse la méfiance de la dragonne. Un tel regard c'était souvent révélé déroutant pour les autres, et cela était toujours une protection de plus à prendre.

Elle le détailla de la tête au pied. Il avait la carrure d'un dragon du clan de la terre, cela ne faisait aucun doute. Il y avait chez ce dragon quelque chose qui lui rappelait son clan. Cependant, si la couleur brune et les rayures vertes lui rappelait vaguement quelque chose, le visage ne lui disait rien, et elle n'avait aucun souvenir de ce dragon la. Elle connaissait chaque membre de son clan, et avait fait en sorte de rencontrer rapidement les nouveaux afin de les connaitre rapidement. Ce dragon la ne lui disait vraiment rien.
Elle fronça légèrement les sourcils, et se tourna plus franchement vers lui. Un exilé ? Un traîtres ? Les deux mots lui firent plisser les yeux, mais, une fois de plus, aucun souvenir ne remonta à la surface de sa mémoire.
Un fils de traître ou de banni ? Possible, ce qui expliquait le fait qu'elle ne le connaissait pas. s'il n'était pas la pour venger son père ou sa mère, alors elle n'avait rien contre lui. Elle reprit sa neutralité première.

Sa queue enroulée autours de ses pattes, elle s'était à nouveau assise, attendant qu'il s'approche plus prêt encore. Non, aucun souvenir. Elle s'attendait bien à ce qu'il se présente, mais rien ne vint. Certaines politesses se perdaient... Certes, elle avait disparut trois ans... Ce qui n'empêchait pas un savoir vivre élémentaire. Mais de toute manière, le nom d'Yggdrasil serait bientôt connu de tous...

"- Bienvenu en ces terres, étranger. Qui es-tu donc, et que recherche-tu, si prêt du territoire du clan de la Terre ?" Elle prit une courte respiration, attendant qu'il se présente en montrant qu'il n'était pas la en ennemi avant de se présenter à son tours.

Azphel se rapprochait tout en détaillant l'inconnu.

Il s'avérait que c'était une dragonne, de couleur gris-argenté et à peine plus grande que lui. Il transparaissait dans sa posture une certaine noblesse et une grande élégance. Ses ailes étaient larges et de la même couleur grise que son corps. Mais ce qui l'impressionna le plus, c'était le masque surmonté de quatre cornes qu'elle portait sur son visage à travers lequel perçait deux yeux d'un bleu profond. Son attitude calme lui rappelait Rüstung bien qu'elle semblait plus dynamique. Une autre chose qu'il remarqua en se rapprochant était l'énorme cicatrice sur la poitrine de la dragonne.
Elle se trouvait certes sur un territoire de prédilection des terrestres, Azphel n'était pas sûr de son appartenance à leur clan du fait de sa couleur particulière.

Il vit la dragonne prendre un air contrarié tout en lui faisant face avant de redevenir impassible et de lui demander son identité d'une voix neutre. Le chasseur devait sûrement la détailler depuis un moment sans lui avoir adressé la parole...
Décidément, il était nul dans les relations avec les autres dragons.

« Mon nom est Azphel, du Clan du Ciel... Je ne recherche rien en particulier... Ce territoire me rappelle simplement beaucoup de souvenirs. », répondit-il.

Pour le moment, la conversion n'était pas trop mal partie. Finalement, elle devait faire partie du Clan de la Terre puisqu'elle avait mentionné celui-ci et l'avait appelé « étranger ».
Bizarrement, son visage ne lui était pas tout à fait inconnu... Quelque chose dedans lui rappelait vaguement une autre personne... mais qui déjà ?
Il sentait des bribes de souvenirs remonter à la surface, sans parvenir à les attraper.

« Puis-je vous demander qui vous êtes ? », demanda-t-il, presque dans un murmure.

Ainsi, c'était donc lui, le fameux Azphel. Elle haussa un sourcil, secoua très légèrement sa couronne d'ivoire. Les longues cornes semblaient lourde, et l'étaient. Mais plus lourde encore était la tâche qu'elle avait sur les épaules. Azphel lui avait involontairement sauvé la vie, en donnant une information précieuse à Rüstung. Elle lui devait aussi beaucoup, et elle savait régler ses dettes. La cicatrice sur sa poitrine la démangea légèrement, mais elle n'y prêta aucune attention.
Elle savait ce que voulait Dragora - la paix, bien entendu. Si la dragonne d'argent était prête à lui accordé une paix totale entre les deux clans, il fallait que les célestes n'entrave pas le chemin des terrestres. Elle vaincrait les trois autres clans, et vivrait en paix avec les siens. Si cela ne plaisait pas au clan du ciel, elle n'abandonnerait pas son but.
Mais ce Azphel l'intriguait. Elle ne le connaissait pas, et ignorait ce qu'il pouvait bien vouloir. De plus, il parlait de souvenir, sur ces terres, et, hormis une conditions spéciale, peu de dragon en dehors du clan de la terre pouvait s'y aventurer. A l'époque même de son défunt père, il n'était toléré que peu d'étranger, le clan ne voulant pas risquer d'attaque en traitre. Il semblait jeune pour être venu en invité, mais il avait été ici. Il y avait des souvenirs, donc ce n'était pas un passage.
Son murmure la tira de ses pensées, et

"- Je suis Yggdrasil, gardienne de ces steppes, chef du clan de la terre. Si tu es bien Azphel, je te dois donc une grande part de ma présence ici. Et de ce fait, tu es mon invité sur ces terres, ainsi que tout ceux de ton clan, tant que vous ne cherchez pas à nuire à mon clan."

Elle écarta l'aile et lui présenta en sa globalité l'espace préféré du clan de la terre. Elle essaya de lui adresser un visage plus aimable, plus accueillant, mais les vielles habitudes avait la vie dure. Et puis elle n'avait pas grandie pour vivre comme tout ces autres dragons. Elle devait diriger le clan, et a sa mort, un de ses petits reprendrait son rôle. En attendant, elle se devait d'être magistrale, pour faire forte impression sur les autres dragons. Elle se releva, ayant suffisamment confiance en Azphel pour êtes côte à côte avec lui, voir même lui tourner le dos. S'il avait voulut la tuer, il n'aurait jamais révélé un moyen de la soigner. Le clan de la terre partant en dérive, il y aurait juste eu à attendre avant sa destruction.

"- Tu me dis avoir des souvenirs d'ici... Cela m'intéresse. Raconte moi, si le cœur t'en dit."

Elle avait conscience d'être très formelle, très impersonnel. Mais elle était ainsi. Et en cet instant, elle cherchait à se renseigner sur Azphel pour savoir d’où venait exactement ce dragon, et ce qu'il pouvait bien souhaiter.

Les chefs du clan de la Terre et en général ceux des autres clans avaient l'habitude de se succéder de générations en générations. Ainsi, il était tombé comme par hasard – ou par un signe du destin – sur la dirigeante actuelle, Yggdrasil, à peine rétablie de ses blessures. Cela expliquait sûrement sa ressemblance avec l'ancien chef. La dirigeante semblait un peu étonnée par sa présence et lui aussi.

« C'est tout naturel, je ne pouvais pas rester passif, surtout envers mon clan d'origine, expliqua le chasseur. Je ne pense pas que les célestes vous envahiraient puisqu'ils ont guéri vos blessures. Nous prônons toujours la paix et son établissement de façon pacifique dans la mesure possible », rassura-t-il.

Le jeune dragon suivit du regard le mouvement d'aile d'Yggdrasil avant de s'attarder sur le paysages des steppes qu'elle lui montrait. Une douce brise soufflait, soulevant par endroits des nuages de poussière.
La dragonne se rapprocha d'Azphel. Ayant deviné qu'elle acceptait sa présence sur ce territoire et essayait de se rendre plus accueillante, il ne bougea pas. Sa présence à ses côtés l'impressionnait tout de même et il était un peu intimidé bien qu'il essayait de ne pas le montrer. Ce n'était pas tous les jours qu'on parlait avec le dirigeant d'un autre clan...

"- Tu me dis avoir des souvenirs d'ici... Cela m'intéresse. Raconte moi, si le cœur t'en dit."

Gêné par la question, Azphel mit du temps à répondre. Pourquoi voulait-elle savoir cela ? Mais après tout, lui aussi était bien curieux de savoir ce qui se déroulait au Clan de la Terre. Il reprit la parole, hésitant au début :

« Et bien... Je suis né dans le Clan de la Terre. Mais c'était pendant une période de guerre de territoire. Le conflit s'enlisait avec énormément de pertes. C'était assez... compliqué. Si je devais interpréter ce qui s'était passé, je dirais que mes parents ont progressivement été convaincus par l'idée du pacifisme au fil de cette guerre. Qu'ils ne voulaient pas que je vive cette horreur. Néanmoins, ils étaient attachés au clan alors ils sont restés le défendre. Mais m'ont confié au Ciel... il y a de cela 65 ans. »

Un doute, cette question qu'il se posait encore, resurgit du méandre de ses pensées et il fronça les sourcils.

« Mais même maintenant, je ne sais pas si cela devait être temporaire ou non. Ils ont dit qu'ils reviendraient me chercher mais je ne sais pas dans quel sens ils voulaient le dire... »

Ainsi, il avait bel et bien fait partit du clan de la terre. Mais elle n'avait aucun souvenir de lui, aussi, avant de faire quoique ce soit, elle le laissa continuer. Elle lui devait quelque chose, mais cela ne devait pas l'empêcher de punir les traitres. Cependant, elle se sentait tellement à côté de ça... Il ne lui rappelait rien, et ses années enfermées n'avait en rien altéré sa mémoire. Juste sa perception du temps.

"- Je comprend tout à fait ce but, et je le comprend. Mon clan prône aussi la paix, mais notre différence réside en la manière d'y arriver. Je vous le redis, mon clan n'aura aucune mauvaise intention envers le votre, cependant, nous ne nous laisseront pas marcher dessus pour une simple alliance."

Son avis sur Dragora avait été ébranlé. Elle attendait de voir la dragonne à l’œuvre avant de terminer son jugement sur elle. Elle était en train de se faire un avis sur Azphel. Il n'avait pas l'air très à l'aise, et elle pouvait le comprendre. Si sa réputation suivait, il aurait forcément entendu parler de la dragonne et de ses lois implacable. Si ce n'était pas le cas, son simple statut et sa présence suffisait largement.
Elle fit mine de réfléchir, mais elle savait déjà qu'elle ne l'avait jamais eu sous son aile en temps que chef. Il y avait 65 ans, cela pouvait sembler beaucoup pour une mémoire, mais elle était certaine de ce fait. Elle avait toujours mémorisé dans un coin de sa mémoire les visages et les noms des traitres, afin de les punir comme il le fallait. La question des parents lui posa plus de problème. Elle chercha dans sa mémoire deux adultes possédant un enfant, ou du moins l'ayant perdu. Elle imbriqua les informations qu'elle avait, cherchant avant sa nomination de chef. Oui, elle avait plusieurs souvenir de jeune parent ayant perdu leurs enfants... Et n'ayant pas survécu. Certain à leurs blessures, d'autre dans une autre bataille...

Elle l'observa un instant, notant le ton du jeune dragon. Elle ne voulait pas lui donner de faux espoir. 65 ans était bien long, ou ils étaient mort, ou ils ne pensaient plus à lui depuis longtemps. Les dragons de la terre avaient en général un assez bon esprit de famille. Elle souffla doucement par les naseaux. Il lui manquait des précisions quant à l'apparence des deux dragons, et s'il s'en souvenait, peut être pourrait-elle lui en dire plus. Mais pour elle, c'était peine perdue. A quoi bon s'attacher à de lointain souvenir ? Elle n'avait pas eu de vie de famille et se portait comme un charme. Le clan du ciel avait du offrir une vie de famille à Azphel, alors a quoi bon ?

"- Si tu as quelques souvenir d'eux, peut être puis-je t'aider à savoir ce qu'il en est. Mais sache que, parfois, l'ignorance vaut mieux que la réalité."

Les parents d'Azphel avait trahit le clan de la terre, en donnant ainsi leur fils. Ils avaient privé le clan d'un guerrier, d'un chasseur, d'un mage ou d'un guérisseur. Le rôle qu'Azphel avait chez le clan du ciel ne témoignait que d'une envie de solitude. Peut être en aurait-il était autrement, s'il était resté. Mais le faire revenir semblait compromis, avec tout le temps qui s'était écoulé. Une pointe d’agacement la traversa, mais elle garda une façade neutre, fidèle à son image de chef.