Yggdrasil l'arbre-monde
Nom : Yggdrasil
Surnom : Peu de gens oserait lui donner un surnom, seul, peut-être, Rüstung s’y risquerait devant elle. Mais lorsqu’elle a le dos tourné, on peut parfois la surnommer, sans qu’elle le sache.
Sexe : Féminin
Age : 143 ans
Clan : Clan de la Terre
Rôle : Chef du clan de la terre, cependant, les dernières temps se passèrent sans elle, allant même jusqu’à se transformer en année suite à un « accident ».
Pouvoir : Yggdrasil peut faire pousser tout type de plante.
Avantage(s) : Yggdrasil peut faire pousser de manière rapide des lianes aux tailles impressionnantes, des ronces, qui entravent les ennemis, peut servir de piège, de cage, d’aide en tout genre. Elle peut forcer la croissance d’un arbre qu’elle touche, ou d’une plante en décuplant sa taille. Elle sait, par instinct du à son pouvoir, de quoi manque la terre et de quel problème souffre les plantes.
Elle a un contrôle entier sur ce qu’elle fait pousser, pouvant donner toutes sortes de formes et de taille dans des créations parfois artistiques.
Inconvénient(s) : Pour contrôler ses plantes, ils lui faut toucher le sol qu’elle utilise, et toucher de la terre : son pouvoir ne fonctionne pas sur la roche, à l’exception de la mousse, ce qui n’est pas franchement utile. Son pouvoir consomme aussi en énergie, qu’elle peut reprendre en faisant mourir sa création.
Caractère : Yggdrasil n’est pas une gentille dragonne à proprement parler. Droite et fière, rien ne peux entacher son jugement, si ce n’est des actes. Dragonette calme et calculatrice, repérant les choses ou les gens digne d’intérêt, elle est devenue une dragonne pleine de noblesse et de valeur ancienne jusque-là oubliée. Yggdrasil, c’est avant tout des calculs, des réflexions, qui la pousse a toujours définir ce qui l’entoure, que ce soit les gens ou les actes. Elle rationalise tout, afin de le comprendre et d’adapter son comportement. Il n’est pas question d’injustice, seulement de justice.
Elle ne supporte pas les traitres, et ne ressent que mépris pour eux. A moins de comprendre les raisons et de les approuver, elle ne sera pas tendre envers ces gens-là. Elle apprécie peux les gens des autres clans aussi. Pour elle, les dragons du clan du feu ne sont que des dégénérés fanatiques dirigés par un tyran fou à lier. Le clan de l’air ? Des gamins qui ne connaissent pas la valeur des choses, avec une chef trop inexpérimentés et qui se laisse diriger par ses émotions, au détriment de son clan. Les Célestes ? Des doux rêveurs, des idéalistes qui, en plus de ne pas assumer pleinement leurs volontés de paix, sont incapables de protéger les leurs. La chef du clan du ciel ? Propulsé au pouvoir malgré elle, elle ne fera jamais rien de bon. Le clan de l’eau ? Des allumés qui vivent dans leurs mondes, si bien qu’on se demande ce qu’ils font dans cette guerre.
Elle considère son clan comme une grande famille… Dont elle ne fait pas partie. Elle est juste la main extérieure qui les guide, les fait avancer vers un but commun, leur bien-être et la victoire. Elle connait même le nom de chacun des membres de son clan, et quelques particularités qui lui permettent de reconnaître et de savoir ce que chacun est et désire. Chaque détail compte selon elle, même si elle n’attend aucune reconnaissance particulière de son clan envers elle. Elle considère ses actions comme des devoirs, travaillant pour son clan à son propre détriment.
Nombre de chose ont traversé son esprit alors qu’elle n’était qu’une statue de marbre, figée par le pouvoir de Rüstung. Elle a eu des années pour réfléchir, et elle en a conclu que les dragons étaient des créatures faibles d’esprit. Elle veut alors conquérir tous les territoires, mettre tous les dragons sous sa coupe afin d’arrêter la guerre, car il s’agit selon elle de la seule manière d’y arriver. Allier les dragons une cause, tous du même côté. Des actes plus censé que ceux des célestes, bien que leurs pensées se rejoignent.
Sans doute la folie a-t-elle envahit Yggdrasil, la privant de sa propre personnalité par moment. La dragonne souffre et travail pour son clan, vit pour son clan, et mourra pour lui, tel un automate. Pour le moment, elle supporte sa charge sans ciller. Cependant, avec la douleur de l’enfermement, la rupture n’est jamais loin.
Physique : Yggdrasil à la couleur du minerai de fer, d’un beau argenté, plus foncé par endroit, avec des veines de bleu et de rouge rouille entremêlée qui parcours sont long corps. Elle a le dos arqué, purement reptilien, trace d’une lignée de sang plutôt noble. Elle a un corps fin, presque délicat, qui détonne étrangement avec les autres membres du clan de la terre. Ses ailes sont courtes mais larges, et si elle plane mal, elle peut se révéler très rapide grâce à la largeur de ses membranes et à la légèreté de son corps. Sa queue est très longue et très fine, presque disproportionnée. La fin de l’appendice comporte un genre de dard tranchant qui enlève toute innocence et délicatesse à la fine traîne d’Yggdrasil. Elle est capable de traverser les écailles avec cette arme, à la condition de donner assez de vitesse et de force pour.
Yggdrasil mesure environs un mètre 65 au garrot. C’est une petite dragonne, très légère, qui ne manque cependant pas de hargne et de volonté.
Son dos est pourvu de large plaque écailleuse, offrant une protection parfaite, alliée à de long pic qui suivent sa colonne vertébrale, partant de la base du cou, suivant l’encolure et s’arrêtant en s’affinant au début de la queue. Elle est capable de replier ces pics contre son corps, de manière à ce qu’ils soient inoffensifs. Ses écailles, en générales, sont larges, sauf au niveau de son poitrail. Elle les contrôles mal, et les gardes serrées contre son corps.
Une large cicatrice est visible juste à côté de son poitrail, du côté gauche, là ou l’épine a transpercée ses chaires.
Le plus impressionnant est surement sa tête, couronnée par deux immenses et épaisses cornes, légèrement ondulé. Une collerette se retrouve le long de sa mâchoire, lot de trois cornes dont la dernière est presque aussi grande que les cornes qui trône sur son crâne, reliées entre elles par une membrane épaisse qui descend jusqu’au cou de la dragonne. Un masque osseux recouvre la moitié supérieure de son visage, lui donnant un air sévère en tout instant. Son museau est couvert d’écailles très fine, et quelques pics terminent sa mâchoire.
Enfin, ses deux yeux sont impressionnants par leur absence de pupille, luisant d’un faible éclat bleu qui a rendu mal à l’aise plus d’un dragon.
Si Yggdrasil est déjà une dragonne qui se remarque, elle est aussi caractérisée par son port de tête Royal, et son attitude tout en noblesse. Elle ne fait jamais les choses elle-même, sauf en cas d’urgence. Elle possède naturellement une grâce et une assurance dans sa façon d’être qui, sans aucun doute, ont penchées pour elle lorsque fut choisi le chef du clan de la Terre.
Histoire : Yggdrasil a crevée son oeuf lors d’une nuit d’orage. Alors que le ciel se déchirait, la petite dragonne se frayait une place entre ses frères et sœur, poussant, mordant et griffant pour se frayer une place vers la carcasse. La vie n’était pas simple, et dans une famille qui était chef de clan depuis plusieurs générations, il fallait se battre pour devenir le meilleur.
La force brute ne suffisait pas, l’esprit comptait aussi. De ses quatre frères et sœurs, Yggdrasil n’était pas la plus forte physiquement. Mais elle se fraya un chemin vers la carcasse à force de persévérance. Les jours qui suivirent, la lutte presque acharnée pour manger continua, et elle dû user de stratagème pour se débarrasser de ses frères, plus grand qu’elle. Cela faisait un moment qu’une femelle n’avait pas était choisie pour devenir chef du clan de la terre, mais ce n’était pas rare. Son père décida que, parmi ses rejetons, ce serait elle qui prendrait sa place, et qui donc devrait s’en montrer digne.
A partir de ce moment, il n’y eut plus de lutte pour accéder à la nourriture. Cependant, Yggdrasil fut séparée de ses frères et sœur, et même de sa mère. Il n’y avait pas de famille pour le chef, rien qui puisse saper son autorité, ou exalter ses émotions. Elle devait être la tête du clan, qui le dirige et le fait avancé, et rien ne devait interférer avec cela. Alors elle fut instruite.
Un chef devait toujours savoir se tenir. Ne rien montrer de ses sentiments. Alors elle travailla sa manière d’être, grâce et élégance, mais aussi détermination. Son port de tête devait être royal, et tout dans son attitude devait montrer qu’elle savait ce qu’elle faisait, et que ses paroles étaient irrévocable.
Elle devait observer, afin de savoir, puis mesurer et juger. Peser le pour et le contre, puis se tenir à ses décisions. Être honnête autant que possible, sauf si cela allait à l’encontre du bien du groupe. Le clan passait avant son propre bien être.
Elle n’eut pas de nom avant la découverte de son pouvoir. Et alors qu’elle faisait pousser pour la première fois une fleur fragile, elle eut droit à son premier cadeau de la part de son père : son nom. Elle était enfin quelqu’un, même si ses leçons ne changeaient pas, et que sa propre personnalité devait être enterrée sous un masque rigide.
Elle apprit à se battre et à chasser, à exalter son pouvoir pour qu’il devienne puissant. Elle était parmi les prétendants au titre de chef lorsque son père perdrait la vie, il lui fallait être prête, être parfaite. Ne laisser aucune chance à un autre de prendre sa place. Elle s’entraina dur, autant physiquement que mentalement, afin de devenir cet idéal, cette image que son père avait de son « elle » futur.
Si son éducation fut stricte, Yggdrasil avait quand même droit à de rare instant où elle découvrait sous la dureté de son père, quelque chose de précieux. Le rêveur. Il lui raconta les anciennes légendes, oubliées depuis longtemps par tant de gens. Il lui parla d’un arbre si grand, qu’il était censé soutenir le monde, et que sa destruction entrainerait irrémédiablement un désastre si grand que le monde entier en serait affecté. Cet arbre contenait, prisonnier, dans ses racines un dragon si féroce qu’il tentait de se libérer en arrachant ses liens. Mais, toujours, l’arbre contenait la bête.
L’arbre-monde. Yggdrasil.
La dragonne savourait ces rares instants ou elle apprenait qui était son père. Elle était intelligente, et comprenait que, si son éducation était difficile, elle était nécessaire. Son père était toujours franc, tellement intelligent. Il ne pouvait pas avoir tort.
Puis les leçons changèrent, à l’aube de ses 80 ans. Elle fut autorisé à rejoindre le clan et à y vivre, à s’y faire des amis. Il lui fallait comprendre ces gens qu’elle commanderait plus tard, et vivre parmi eux était la meilleures des façons de le faire.
Si les premiers temps, elle ressentit une ivresse folle, une sensation de liberté comme elle n’en avait jamais eu jusque-là, cette ivresse disparut aussi vite qu’elle était apparue. Les jeunes de son âges étaient si frivole, si futile. Les femelles étaient naïves, les mâles prétentieux. Tous s’amusaient d’un rien, vivait comme si rien n’était important, sans réfléchir à ce qu’il faisait. Il lui parvint l’histoire d’un jeune qui, paradant prêt d’une dragonne du clan du ciel au lac des troubles, fut happé par un Léviathan. Si cela était une nouvelle traumatisante pour ses congénères, Yggdrasil considérait ça comme un énorme gâchis.
Elle n’était pas de leur monde. Ses frères et sœurs avaient beau avoir le même sang qu’elle, la manière qu’ils avaient de vivre, leur façon d’être n’était pas la sienne. Elle était étrangère à ces dragons, n’arrivait pas à s’intégrer à eux. Elle était trop différente. La seule chose qu’elle partageait avec eux était l’admiration et le respect qu’ils avaient pour son père.
Elle rencontra alors Rüstung. Ce dragon qui paraissait lent aux premiers abords, étaient en fait le dragon le plus posé et intelligent qu’elle eut jamais rencontré. Elle en fit son seul ami, et pouvait passer des jours à ses côtés, à parler lorsqu’il le fallait. Les conversations étaient rares, mais toujours constructive, et elle apprenait beaucoup de chose aux côtés du dragon brun. Leurs pouvoirs se complétaient aussi, d’une certaine manière, et la dragonne sentait, lors de leurs entretiens, un poids se soulever, juste un instant.
Yggdrasil étaient née pour devenir chef de clan. Avec toutes ses connaissances et ses capacités, la dragonne avait ce qu’il fallait pour diriger le clan, et ses dernières années passée avec les dragons de la terre lui avait permis de les comprendre, mais aussi de s’en faire des alliés. Aussi, ce fut sans réelle surprise qu’à la mort de son père, elle fut nommée à la tête du clan.
Yggdrasil était une dragonne forte et fière. Elle tenta d’être le plus juste possible, essayant de comprendre chaque problème, et de les régler de la meilleure façon possible. Elle ne fut pas toujours tendre, et certaines décisions avaient beau être cruelle, elle n’hésitait pas à les prendre. Elle chassa des dragons au comportement intolérable selon elle. Elle traqua des traîtres et s’occupa d’eux elle-même, les bannissant, risquant la mort s’ils osaient revenir. Elle tua elle-même des meurtriers, des dragons qu’elle avait connu, de leurs noms jusqu’à leurs états d’âmes.
Le meurtre. La seule chose que son père n’avait pu lui apprendre, lui disant de prendre gare tout en étant incapable de lui faire comprendre, combien cela était douloureux.
Si le poison du doute et du remord l’empêcha de dormir les premiers tant, se glissant dans ses rêves pour les transformer en cauchemars, si les visages de ceux qu’elle avait tué, ainsi que, parfois, leurs vie se rappelait à elle, elle ne se laissa pas sombrer. Et puis vint un moment, ou, le cœur glacé, elle put supprimer des êtres sans l’ombre d’un remord. Elle comprit avec horreur que tuer ses semblables la rendait insensible, fermée aux émotions, les dernières qui lui étaient permises. Elle ferma alors ses sensations, les scellant au plus profond d’elle. Mais, toujours, elle tuait elle-même si elle le pouvait. Ce n’était pas aux membres de sa tribu de prendre sur eux ce poison-là. Elle était là pour prendre à leur place, afin qu’eux puisse dormir.
Le clan la respectait, tout comme ils respectaient son père auparavant. La dragonne, qui semblait inatteignable, avait ce statut qui l’éloignait des autres par une espèce de perfection toute travaillé. Elle était la chef idéal, mais personne n’en voulait comme amie. Elle était bien trop étrange et obtus pour cela.
Heureusement qu’il lui restait Rüstung. Si elle ne se confiait jamais à lui, fidèle à l’enseignement de son père, lui parler lui faisait du bien, contenait la folie qui, parfois, la guettait.
Elle enchaîna des batailles, ne sacrifiant jamais ses soldats volontairement. Elle hésitait à faire la guerre, à envoyer des dragons conquérir un territoire plus grand. Celui qu’ils avaient, après tout, était assez grand. Elle ne faisait que défendre son peuple et ses terres, usant toujours de la meilleure stratégie. Elle gardait à ses côtés Rüstung, sans le nommer lieutenant. Le dragon était trop flegmatique pour monter en garde, et, surtout, elle voulait le préserver, le voir rester tel qu’il était, pour égoïstement profiter des bienfaits que sa présence et ses courtes discutions avait sur elle.
Puis vint sa dernière bataille. Elle se battait, érigeant un mur de ronce dont les épines étaient semblables à des pieux. Ce mur protégeait les faibles de son clan tandis que les mâles et femelle capable de le faire se battaient pour leurs terres. Et puis tout bascula. Aux prises avec deux ennemis, la dragonne fut acculée contre ses propres défenses. La dragonne était hargneuse, et alors qu’elle bondissait sur un de ses ennemis, elle fut repoussée par le deuxième. Elle était trop légère, et sentit que le dragon la poussait contre son mur. Elle rua, cherchant à se dégager de ce bourbier. Elle ne se ferait pas avoir.
Un choc violent sapa toutes ses prises, ses griffes cherchèrent désespérément quelque chose à quoi se rattraper. Elles ripèrent contre un corps, arrachant des écailles. Un choc plus violent encore la secoua, tandis qu’une épine longue de plusieurs centimètres s’enfonça dans ses côtés. Les os de la cage thoracique éclatèrent, le bréchet se fendit, éclata. Elle sentit l’air lui manquer alors que son poumon était perforé. Le pieu ne stoppa qu’à deux centimètres du cœur.
Elle n’était pas morte. Elle était sonnée, et regarda sans le voir les deux ennemis fuir. La chef du clan de la terre était mortellement blessée, la bataille pouvait s’achever. Ce ne serait qu’une question de temps avant que le clan se divise, puis éclate de l’intérieur.
Elle le savait, et ignorait pourquoi ces pensées lui venaient. Elle essaya de se dégager, et alors une douleur comme elle n’en avait jamais ressenti sapa toutes ses forces. La dragonne hurla en essayant de s’affaisser, mais elle resta suspendue. La douleur l’obligea à se remettre debout désespérément, essayant de calmer le feu qui la ronger, insoutenable. Elle ne pourrait jamais retirer le pieu comme ça. Elle allait mourir sur le coup. Elle usa de ses faibles forces pour briser l’épine à l’aide de son pouvoir. Elle tituba, tenta de rester debout. Mais déjà, ses pattes arrière ne lui répondaient plus. Sa vision se troubla. Elle comprit, parmi la douleur, qu’elle ne s’en sortirait pas. La blessure était trop importante, elle ne pourrait jamais tenir. Déjà, elle suffoquait, l’air lui manquait, le sang dégoulinait de ses babines. Personne ne pouvait soigner une telle blessure. Retirer l’épine signifiait la voir se vider de son sang. Elle était perdue.
La dragonne baissa l’encolure, une fraction de seconde avant de la remonter. Il fallait rester digne, jusqu’au bout. Montrer à son clan qu’elle avait été forte en tout instant. Elle vit alors briller un éclat vert. Rüstung ?
La dragonne sentit alors tout son corps se figer. Pourquoi ? Pourquoi faisait-il ça ? La douleur s’estompa tandis qu’elle perdait toute capacité de voir, bouger. Elle ne sentait rien, n’entendait rien. La panique l’envahit, jusqu’à ce qu’elle se rappel du pouvoir de son ami. Avait-il encore un espoir de la sauver ? Peut-être.
Elle ne pouvait que penser, et espérer que l’attente ne serait pas trop longue. La panique l’envahit à nouveau. Et si elle restait ainsi pour toujours ? Seule avec ses pensées ? Sans conteste, elle deviendrait folle. La mort était-elle si terrible que ça ? Pourtant, il lui semblait préférable de sombrer dans le néant plutôt que de rester ainsi pour toujours, jusqu’à ce que sa raison ne s’efface d’elle-même.
Non, il fallait se calmer. Rüstung ne l’abandonnerait jamais. Il trouverait une solution pour réparer son corps déchiqueté. Même si son clan l’oubliait, la remplaçait, il continuerait à chercher. Elle le savait. Elle l’espérait.
Ce fut cette pensée qui la fit tenir et qui empêcha son esprit de sombrer. Ce mince espoir la tenait au bord de la folie. Le temps s’étalait, s’étirait, sans qu’elle n’eut aucun moyen de savoir. Elle avait l’impression d’être enfermée depuis des siècles, alors qu’en vérité, trois ans s’écoulèrent.
Elle pensa. A son clan, à Rüstung, mais aussi à la guerre. A son père. Dans la solitude la plus grande, le calme le plus parfait, avec juste une étincelle pour espoir, elle pensa.
Yggdrasil, tel était son nom. Elle portait le nom de l’arbre-monde. Cette ancienne histoire qu’elle aimait tant, elle avait le temps de la déchiffrer, de trouver tout ce que son père avait voulu lui dire en lui partageant ça.
Elle était Yggdrasil, l’arbre-monde. Et elle contenait enfermé dans ses racines un dragon fou furieux. Un dragon ? Ou la représentation d’une chose qui sommeillait en chaque dragon ? Après tout, le seul dragon digne d’intérêt, le seul qui n’était pas fou, ni dominé par son instinct était Rüstung. Elle n’avait pas connu d’autres dragons capables de la même tranquillité. Il fallait toujours se battre, toujours se laisser aller par son instinct, que ce soit un bout de terre, un trésor, une compagne, ou même de la viande. Elle aussi, jeune, elle s’était battue pour de la viande. Jusqu’à ce que son père lui apprenne qu’elle devait se contrôler et laisse les autres se servir, les contrôler.
Elle était l’arbre-monde, et ce dragon qu’elle renfermait entre ses racines, n’était nul autre que le sauvage de chaque dragon. Si elle enfermait ce sauvage, tous les dragons seraient comme elle ou Rüstung, capable de se contrôler, et la paix régnerait. Si elle contrôlait tous les dragons, alors elle pouvait faire cette idylle à laquelle aspiraient les dragons du clan du ciel. Protéger les siens et ses terres ne suffisait pas. Il fallait tout avoir pour avoir la paix.
Elle savait maintenant. Et s’il fallait qu’elle soit l’arbre monde, alors elle se plierait à ces règles, jusqu’à ce qu’elle se transforme vraiment en arbre, disparaissant en ne laissant derrière elle que la paix.
Elle ne sut combien de temps cette pensée se formula et se reformula dans sa tête, la baignant dans un calme absolu. Mais elle était bien ancrée en elle, comme une évidence. Tout cela n’était qu’une épreuve. Et si elle arrivait à bien comprendre tout cela, alors elle pourrait sortir et appliquer cette nouvelle règle. Sinon, elle mourrait, et un autre Yggdrasil la remplacerait, jusqu’à que le parfait soit trouvé. Ce n’était qu’une épreuve qu’elle comptait bien réussir.
Et alors, son monde trembla…
Sujet: Yggdrasil l'arbre-monde 
Dim 8 Juil - 13:50
